Jérôme est adjoint au maire d’une commune de 1000 habitants de l’Hérault. Il est aussi écrivain et actif sur les réseaux où il alerte, dévoile et argumente sur des sujets touchant les citoyens. Sensibilisé aux enjeux de notre monde, il est, comme il le dit lui-même, engagé dans sa commune et dans sa vie pour la défense de l’Intérêt Général.
Conscient des risques, il a décidé de mettre sur le tapis la question de l’autosuffisance alimentaire lors d’une séance du conseil municipal de sa commune.
Transcription approximative:
Chers membres du Conseil Municipal, chers concitoyens,
Comme vous le savez, il y a encore 6 ans, après des années d’inaction, la commune n’était pas en règle après des années d’inaction en la matière et des devis de cabinet qui nous prenaient pour Crésus, j’ai alors personnellement fait leur travail pour que notre village dispose enfin d’un PCS (Plan Communal de Sauvegarde) et d’un Document d’Information sur les Risques Majeurs (DICRiM). Notre DICRiM a été ensuite distribué à chaque foyer, informant les gens sur les risques naturels, technologiques et industriels.
Depuis, de l’eau a coulé, tellement parfois que notre village était privé d’eau au robinet durant des jours.
Depuis aussi, nous avons eu de grandes grèves et nous avons pu nous rendre compte qu’en 2 ou 3 jours seulement les grandes surfaces étaient vides.
Il faut nous rendre à l’évidence, quelle qu’en soit la raison, nous ne sommes pas à l’abri d’une pénurie alimentaire.
Posez-vous la question : Que feriez-vous si :
– Si une panne d’électricité durait quelques jours (cela s’est vu et le 10 janvier de cette année la France a failli connaître le Black-out) surtout en hiver ?
– Si l’eau potable venait à manquer et si les magasins n’en avaient plus ?
– Si les approvisionnements n’étaient plus assurés ?
Saviez-vous que la France avait perdu son autonomie et son autosuffisance alimentaire en volume de production (2009 : 83%) ?
Notre PCS et donc notre DICRiM ne prévoient pas ce risque majeur car aucun texte législatif à ma connaissance en France ne s’en inquiète.
En conséquence,
J’aimerais que le Conseil Municipal permette que notre PCS soit à nouveau actualisé en prenant ce risque de pénurie alimentaire en considération.
J’aimerais que notre DICRiM soit mis à jour pour au moins donner quelques instructions à la population.
Pour ce qui est des mesures de base :
Je pense inscrire sur le DICRiM la nécessité pour chaque famille de se constituer un stock permanent de nourriture et d’eau lui permettant de tenir au minimum une semaine.
Inciter chacun à réfléchir à ses besoins en énergie.
Mais je pense à un projet plus ambitieux :
– encourager les habitants ayant un jardin à faire un potager ;
– permettre à ceux qui n’en ont pas de cultiver dans un jardin partagé ;
– planter des platebandes légumières ou fruitières (au lieu de fleuries), dans lesquelles chacun pourrait apporter, planter, entretenir ou récolter.
Je pense à créer un maillage local, qui orienterait notre commune sur la voie de l’autosuffisance alimentaire en incitant nos agriculteurs à cultiver ce qui se mange, à encourager les circuits courts ou de proximité (vente directe ou épicerie rassemblant les producteurs locaux) permettant à chacun de choisir de faire vivre son voisin avec la production durable de produits sains et leur achat à des prix raisonnables.
Vous pensez peut-être en ce moment même que c’est une utopie, un doux rêve… Détrompez-vous.
La ville d’Albi le fait déjà et vise son autosuffisance alimentaire pour l’année prochaine. D’autres villes et villages montent des projets similaires, d’autres le font pour leurs cantines…
Ici, au cœur de l’Hérault, notre village pourrait être précurseur en la matière.
Nous serions heureux alors d’être suivis dans cette démarche qui pourrait faire des émules. Si la Communauté de Communes suivait notre exemple, nous pourrions ensemble construire un nouveau modèle plus écologique, plus social, plus durable. »