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37 – « interview » de M. Gilles Pérole

Compte rendu de la rencontre avec Monsieur Pérole, adjoint au Maire de la ville de Mouans-Sartoux, le 27 juin 2019,

 

Le lecteur nous pardonnera pour l’aspect un peu décousu de cet article qui se veut la retranscription d’un échange d’une conversation.

Monsieur Pérole m’a fait le grand plaisir de me recevoir à la Mairie de Mouans-Sartoux pour répondre à quelques questions que nous – à SOS MAIRES-  avions envie de lui poser concernant l’exploitation agricole « en régie agricole communale » du Domaine de Haute-Combe  dont il est l’initiateur, et ce bien que le site internet http://www.mouans-sartoux.net/vivre-a-mouans/regie-agricole soit très bien documenté et que la courte vidéo sur  https://youtu.be/6qYLDTNBDDk  résume fort bien ce projet.

Au nom de SOS MAIRES nous remercions Monsieur Pérole pour son accueil chaleureux
La municipalité de Mouans-Sartoux a acquis en 2010 un ancien domaine agricole de 6 hectares dont 4 ont été  mis en culture  http://restauration-bio-durable-mouans-sartoux.fr/le-domaine-de-haute-combe/

Afin de pouvoir prétendre à la production de légumes biologiques, la commune de Mouans-Sartoux a demandé et obtenu la certification agriculture biologique de cette propriété auprès de l’organisme de contrôle ECOCERT depuis le 27 avril 2010 ;

Depuis 2011, un agriculteur communal a été recruté afin de produire des légumes, l’objectif étant d’essayer de tendre vers 100 % des trente tonnes de légumes utilisés annuellement par les cantines  scolaires qui accueillent chaque jour les élèves de la commune.

En parallèle à toutes ces plantations, des actions sont menées régulièrement afin de sensibiliser la population mouansoise et plus particulièrement le public scolaire, à de nombreuses démarches environnementales liées au monde agricole.

L’investissements d’exploitation (hors acquisition du domaine)  fut de 90000 € sur 7 ans
Le budget de fonctionnement est également de 90000 € par an, sans subvention. La production oscille autour de 25  tonnes soit un prix de revient moyen de 3,5 € le kilo avec 3,5 salariés maintenant. Malgré le fait qu’il n’y ait aucun intermédiaire, Monsieur Pérole remarque que la « concurrence » offre, chez les grossistes-importateurs, le kilo moins cher à 2,5 €. Mais la commune a fait le pari de la qualité bio contrôlée sur place pour l’alimentation des enfants et du transfert protéines animales vers protéines végétales.

Les produits en excédent sont congelés en attendant leur consommation. La préparation des produits est réalisée à la demande directement dans les cuisines des cantines.

Les déchets sont  compostés avec les déchets privés,

La conversation est ensuite venue sur le sujet qui préoccupe SOS MAIRES, à savoir la capacité d’autonomie de la commune. Mouans-Sartoux est une commune de 10000 habitants, mais la zone urbaine dans laquelle elle est incluse  comporte plus d’1 million d’habitants

Nous avons convenu que la capacité d’autonomie locale immédiate était, comme pour quasiment toutes les communes de France, presque nulle et que les stocks dans les magasins et supermarchés locaux ne dépassaient pas 3 jours.

Afin de pouvoir retrouver une production locale agricole future la Mairie a fait passer le PLU de 40 à 112 ha en terres agricoles (non constructibles) en 2012, considérant que les productions privées (jardins, jardins partagés, etc) sont suffisantes pour couvrir le solde du total de 150 ha qui lui semblent indispensables pour procurer des légumes à  une population de 10000 habitants (on arrive à 1500 m2 par habitant). Néanmoins aucune loi ne peut imposer à ces propriétaires de mettre leurs terrains en exploitation. Il est compliqué, dans cette région où le foncier est très cher , de trouver des agriculteurs qui acceptent de s’y installer et les propriétaires font de la rétention foncière en attendant, compte tenu que la terre agricole est à 10 € le m² alors que le terrain constructible est à 300 € le m² . Le prix du logement est également rédhibitoire pour un jeune agriculteur qui voudrait s’installer.

La municipalité cherche des partenaires ou des financements pour créer un  » hameau agricole »  afin de loger les agriculteurs. Monsieur Pérole estime que si un besoin « stratégique » apparaissait, la population pourrait néanmoins défricher et mettre en exploitation ces terres (« nous avons les outillages, les machines et le savoir faire » m’a dit Monsieur Pérole) . Il faudrait néanmoins plusieurs mois pour obtenir une récolte et je lui ai  posé le problème de l’absence  d’un stock de semences qui se pose également dans la majorité des communes.

Toutes les analyses sur les témoignages que nous avons reçu à SOS MAIRES amènent à considérer que pour une alimentation autonome complète (légumineux, fruits, céréales, lait, huile, œufs, volailles, etc,  …  ) il faut compter entre 500 m2 et 1000 m2 par habitant, soit de 500 à 1000 ha pour une ville de 10000 habitants. N’oublions pas que la surface agricole en France est de 3000 m2 par habitant et 5000 m2 si l’on inclue les pâturages, surfaces qui se sont pas réparties selon les densités de population. Bien sur certains professionnels très en pointe en permaculture arrivent par exemple à des productions de l’ordre de 15 kg de légumes au m2, mais il ne s’agit évidemment pas d’une moyenne.

J’ai posé la question à Monsieur Pérole : « Que diriez vous aux Maires des communes rurales? » et sa réponse à été «  Il s’agit d’une prise de conscience, une vision sur ce qu’on veut pour son territoire. Nous avons considéré que le maraîchage devait être local. »

Comme nous, Monsieur Pérole s’inquiète des flux tendus partout, du risque géopolitique, de risques de grève des transports ou de panne informatique sur les plate forme de distribution

Il y aurait aussi, il en est conscient, un gros travail pour remettre en culture les terres en friches  car à Mouans, c’est 500 ha de zones naturelles qui pourraient l’être … mais problème de semences, et de création des irrigations, etc . Le savoir faire se reconstruit mais il est évident qu’il faut du temps. J’ai précisé que le lupin est une bonne plante régénérative des sols qui ne nécessite pas une très grosse organisation pour sa plantation.
Mouans-Sartoux est plus dans le principe de précaution (bio) que dans l’idée d’effondrement.

La vision d’Albi est également intéressante, mais ne semble pas encore opérationnelle.

Monsieur Pérole souhaite aussi faire savoir qu’avec de la volonté, une régie agricole commune peut être mise en place très vite et il faut intégrer les agriculteurs, travailler l’aspect économique de l’alimentation durable, les unités de transformation,

Sauf forte nécessité,  le rôle de la commune n’est pas d’augmenter sa production (possible sur 2 ha supplémentaires)  pour ne pas faire de concurrence à d’éventuels agriculteurs qui accepteraient de s’installer , par exemple un producteur de volaille qui aurait une double clientèle , privée et communale (si l’installation vous tente…).

L’autre volet communal est l’éducation des enfants et des familles avec des ateliers divers à la ferme orientant vers le bio et l’orientation des entreprises vers l’alimentation durable (une entreprise a déjà organisé son jardin potager)

Aussi un autre projet « les citoyens nourrissent la ville » (jardin partagés, autoproduction solidaire, jardins familiaux, jardinage et partage chez le voisin). L »autoproduction permet d’aller très vite

Plusieurs autres actions avec des chercheurs et partage du projet auprès des collectivité : restauration collective bio, locale et durable, leviers d’un projet alimentaire du territoire. Voir « la Maison d’Education à l’Alimentation Durable »  (  http://www.mead-mouans-sartoux.fr/ )

L’alimentaire n’est pas de la compétence des communes , par contre la compétence de restauration collective l’est…. ce qui amène à bien nourrir les enfants et, au final, les habitants.

La commune est partie prenante dans une formation à un diplôme universitaire de «  chef de projet alimentation durable » avec l’Université Côte d’Azur. Formation de 6 mois, 3500 euros
http://univ-cotedazur.fr/fr/education/trouver-sa-formation-1/diplomes-universitaires/diplome-universitaire-chef-de-projet-en-alimentation-durable

L’association  « Un plus Bio »  née en 2002 pour favoriser l’introduction d’une alimentation biologique et durable en restauration collective. 250 communes en font partie et Monsieur Pérole en est le Président . Nous avons donc l’espoir que l’exemple de Mouans-Sartoux va rapidement essaimer.
http://www.unplusbio.org/category/lassociation/

 

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