Sécurité

Imaginez que, du fait de l’effondrement, les forces de sécurité (police et gendarmerie) qui habituellement surveillent votre commune, soient indisponibles…

Dans chaque commissariat de France se trouve (généralement) un référent sécurité qui prend part aux réunions avec les commerçants, la municipalité et tous les acteurs ou personnes qui ont directement à voir avec cette notion. Rappelons aux Maires qu’il existe déjà quelques moyens à leur disposition et qu’ils n’ont qu’une simple demande à faire.

Pour l’heure des centaines de municipalités soutiennent l’initiative Voisins Vigilants et Solidaires. Les Maires peuvent déjà s’appuyer sur cette structure.

Analyse d’Alexandre Boisson

« Rien ne remplace l’expérience. Les événements de 2017 à Saint-Martin nous permettent d’apprécier, à partir de ce microcosme, ce que peut être une désorganisation sécuritaire.

Le désorganisation de l’État est un drame. Quiconque s’en réjouirait, ignorant des conséquences réelles pour lui et le siens, peut être considéré comme suicidaire.

Le seul moyen de ramener la paix, en cas de désorganisation de la chaîne de commandement de la sécurité nationale, consiste à permettre le renforcement des institutions par une organisation stratégique de la société civile.

Saint-Martin 2017

Pour ce faire, en cas d’effondrement, il est important de connaître les forces en présence sur son territoire et ce que prévoit la loi:

« En vertu de l’article 16 du code de procédure pénale et de l’article L. 2122-31 du code général des collectivités territoriales (CGCT), le maire et ses adjoints ont la qualité d’officier de police judiciaire. »

« Article 434-1 du code pénal, le fait pour quiconque ayant connaissance d’un crime dont il est encore possible de prévenir ou de limiter les effets ou dont les auteurs sont susceptibles de connaître de nouveaux crimes qui pourraient être empêchés, de ne pas en informer les autorités judiciaires ou administratives est puni de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende. »

« Article 40 du CPP….Toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l’exercice de ses fonctions acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit est tenu d’en donner avis sans délais au Procureur de la République et de transmettre à ce magistrat tous les renseignements, procès-verbaux et actes qui y sont relatifs. »

« Article 223-1 du CP, le fait d’exposer directement autrui à un risque immédiat de mort ou de blessures de nature à entraîner une mutilation ou une infirmité permanente par la violation manifestement délibérée d’une obligation particulière de sécurité ou de prudence imposée par la loi ou le règlement est puni d’un an d’emprisonnement et de 15000 euros d’amende. »

Les forces en présence constituent les moyens humains et matériels dont disposent les autorités légitimes pour contenir les violences, les exactions et neutraliser les crimes et délits nuisant à la paix publique.

A conditions exceptionnelles, articles de loi les prévoyant : 122-5 et 122-7 du Code Pénal relatifs à la légitime défense et l’état de nécessité.

En cas d’effondrement systémique, quand les communications sont coupées, les transports sont perturbés faute de pénurie énergétique, et lorsque la chaîne de commandements étatique est difficile, les citoyens ont pour autorité de proximité le Maire.

Il dispose de pouvoirs de police. Dans ce moment anxiogène, les administrés du Maire voient en lui le garant de leurs institutions.

Toujours en cas d’effondrement, faute d’approvisionnement alimentaire dans les magasins des villes, peuvent arriver massivement en zone rurale des citadins en quête de nourriture et d’abris.

Le Maire doit donc gérer l’accueil de ces civils en état de nécessité (voir Hébergements). Il doit gérer aussi l’inquiétude de ses administrés, pour certains chasseurs et armés, craignant pour leurs propres vivres, se considérant en cas de légitime défense. Cette situation est criminogène.

De plus, suivant les sources du ministère de l’intérieur (citées dans la rubrique collapse) des dizaines de milliers d’armes circulent dans les zones urbaines sensibles. Il faut donc compter que, parmi les migrants urbains vers les zones rurales, certains seront équipés d’armes de guerre.

Si rien n’est prévu pour empêcher que ces armes fassent feu, le pire est à craindre.

Comment les empêcher de faire feu?

Comme cité plus haut, le rôle du référent sécurité et sa collaboration avec le maire sont déterminants.

Personne n’est fort sur un terrain qu’il ne connaît pas. « Le terrain« , c’est la topographie, l’architecture des bâtiments, la possibilité de voir de plus haut et de loin ce qui arrive sur son terrain, c’est l’agencement des rues, routes, des chemins de terre et autres voies d’accès à la commune, et bien d’autres spécificités locales, qui en soi peut servir de système de prévention.

L’implication des administrés est cruciale dans ce management de la sécurité. Chacun d’eux connaît « un petit truc » qui pourrait servir à…. (servir à la cause de permettre à l’État de vite rétablir la paix!). Psychologiquement, ce processus de management rassure les administrés que l’État est encore bien là dans cette coopération entre maires, référents sécurité et administrés, et cette méthode permet d’éviter des réactions à la : « va falloir qu’on fasse justice soi-même! ».

L’organisation des forces locales (même armées- les chasseurs) doit se faire sous la coordination du Maire et du référent sécurité. Quand les communications téléphoniques sont coupées, les talkie-walkie et radios réapparaissent, mais justement, la zone d’émission est à zone limitée.

Cependant, ce processus de coordination ne suffit pas.

Si nous mettons de l’énergie à prévenir les Maires, c’est parce que nous savons, qui si les urbains et les ruraux ignorent où aller pour les uns en cas de collapse, et que les autres ne savent pas que les premiers vont arriver, la tâche de maintenir la sécurité jusqu’à un retour de la chaîne de commandement étatique a très peu de chance de se maintenir.

J’invite vraiment les maires à considérer ces problématiques eut égard aux obligations qui leur sont attachées de prévoir la sécurité (prévues par la Loi). »

EFFONDREMENT. TÉMOIGNAGE D’UN AMI GARDE DU CORPS.

👮‍♂️

Vivre un effondrement depuis ses tripes, cet effondrement soit-il temporaire, même quand on sait faire de la sécurité et malgré son degré de compétence dans les situations professionnelles connues, quand on a sa famille à protéger avec soi lors des drames, ça change beaucoup de paramètres!

TÉMOIGNAGE

« Bonjour Alexandre,

Il est toujours difficile de se remémorer des scènes marquantes de notre vie et à ta demande, je vais tenter de narrer l’évènement chaotique d’Irma tel que nous l’avons vécu à Saint Martin.

Tout d’abord, nous sommes une famille de 2 adultes et 3 enfants à l’époque âgés 8, 12 et 14 ans et je tiens à préciser que nous avions déjà vécu des tempêtes importantes en France à Biscarrosse et en Guadeloupe mais n’étions pas préparé à un tel cataclysme.

L’annonce de l’arrivée d’IRMA sur l’île par les médias faisait état d’un cyclone d’une ampleur considérable dix à quinze jours avant et donc nous scrutions attentivement son évolution. IRMA était alors dans les bouches de tout le monde à ce moment là mais il n’y avait pas de panique particulière. On se préparait …

Plus l’échéance se rapprochait, et plus nous sentions les gens tendus, les magasins d’alimentation de l’île étaient pris d’assauts et les denrées de premières nécessités commençaient déjà  à manquer. On se disait alors que l’on allait vivre un mauvais moment mais sans affolement particulier jusqu’au jour J.

Ce fameux jour J, les gendarmes sont venus dans notre quartier de la baie orientale pour nous sommer de quitter les lieux et monter dans les hauteurs de l’île car il y avait un risque de montée des eaux très important. Par chance, des voisins amis avaient la possibilité d’occuper une villa dans les hauteurs de Mont Vernon car le propriétaire était absent.

Quelques heures avant l’arrivée du cyclone les couleurs du ciel et l’atmosphère qui régnait était presque magique et nous nous promenions encore sur la Baie orientale pour contempler cela. Nous étions fin prêt !!! les bouteilles d’eaux achetées stockées, les denrées alimentaires également, et avant de se coucher, avions profité d’un barbecue autour de la piscine ( comme pour se rassurer ) avec nos amis qui pour le coup nous hébergeaient.

Vers 3h30 du matin alors que nous étions en train de tenter de dormir, les premières rafales arrivèrent et seulement quelques minutes plus tard, la première baie vitrée explose littéralement dans un vacarme indescriptible.  A ce moment-là, le cauchemar commença. Le vent et la pluie s’engouffraient de toutes parts et le danger s’intensifiait à chaque instant. La priorité alors étaient de protéger femmes et enfants. Nous avons regroupé tout le monde dans la salle de bain de 9m² qui était le seul endroit à peu près sûr de la maison. Les sifflements du vent nous faisant penser à l’arrivé d’un TGV permanent et incessant durant 6 heures, les tôles qui volaient, les bruits de craquement, la pression ambiante. Bref un sentiment de fin du monde !!!

Le toit du voisin atterrissant sur notre terrasse a fit voler en éclat cette dernière et dégonder notre deuxième volet roulant créant de nouvelles infiltrations. La structure de la maison bougeait sans cesse au gré des rafales de + de 360 km/h dans un bruit de mort. La petite de nos amis pleurait tout le temps en criant «  on va mourir, on va mourir !!! Pour notre part, chaque enfant vivait cela différemment. L’un s’est mis un casque et était pendu à son téléphone en jouant à tous les jeux possibles, l’autre qui se collait à sa mère sans un mot avec un regard vide et la troisième qui cherchait du soutien dans les yeux de chacun. En qualité de parents, nous nous efforcions de dédramatiser la situation tout en ayant conscience que ce moment était d’une gravité sans nom et à mille lieux de ce que nous pouvions imaginés. Nous nous devions de nous montrer fort et sans peurs. Nous tentons alors de les réconforter en leur donnant des biscuits, de l’eau malgré un stock limité mais ne pouvions faire autrement.

Enfermé dans cette salle de bain, nous subissions le cyclone et ne pouvions pas percevoir les dégâts. Les deux hommes de la maison, à savoir mon ami et moi laissions alors femmes et enfants afin de voir ce qu’il se passait car les bruits extérieurs étaient terrifiants. Nous voyons alors la seconde baie vitrée qui faisait des ondulations de 50cm en va et vient, et nous voilà à tenter de repousser l’échéance de l’explosion en mettant nos corps en opposition en vain pendant des heures. Le vent et l’eau s’engouffraient de toute part de manière encore plus intense et ne pensions qu’à une chose, la sécurité de nos enfants. Nous tentions des retours réguliers vers la salle de bain afin de rassurer tout le monde. Plus tard mes enfants auront eu le sentiment que je les abandonnais alors que je ne pensais qu’à les sécuriser et anticiper des mouvements possibles au cas où notre toit s’envolerait.

6h plus tard aux alentours de 10h, nous voilà par chance à la fin de ce cyclone et là….. c’est le chaos !!!, tout était détruit !!! plus de végétation, des bâtiments en feux, des tôles et des branches de partout et bien sûr, plus d’électricité et de réseau depuis 5h du matin. A ce moment là nos regards étaient vides et tout le monde pleurait ( de joie car nous étions vivant et de douleur au vue des images que nous voyons ). Il n’y a plus de réseau, et ne savons donc pas si nous étions dans l’œil du cyclone où s’il était terminé. Le doute étant encore présent à ce moment-là.

1h plus tard, nous décidons sans les enfants de rejoindre notre domicile sur la baie orientale et là, un sentiment de dégoût s’empare de nous. Sur la route défoncée, les pillages ont commencés !!! Le LEADER Price et tous les autres magasins pris d’assaut avec va et vient de pick up et camions en tout genre afin de piller l’intégralité du magasin aux yeux de tous. Certains repartaient avec des TV sur l’épaule, des frigos et tout ce qu’il était possible de voler à ce moment-là. Ces personnes venaient de tout perdre également mais ne pensaient qu’à une chose, PILLER. Le décors était particulier à cet instant car nous croisions des maisons détruites dont certaines pour lesquelles il ne restait que la dalle avec des cartons neufs d’électroménager en tout genre exposé dehors.

En quelques heures, nous vivions un deuxième cyclone. La situation est telle que nous avions l’impression d’avoir essuyé une bombe en se  retrouvant à Sarajevo. C’était devenu la guerre dehors. Certaines boutique et usine ayant tenues se sont faites fracassés et dévalisées à leur tour. Il n’y a pas de mots.

Cet ouragan aura eu clairement deux temps de ravages. Pendant et Après. Nous sommes passés en quelques heures de la friendly island à un état de guerre sans loi ni règle. A notre arrivée très difficile, nous croisons tous nos ami(e)s, des ZOMBIES … Nous avions tous tout perdu, bien matériels, souvenirs, logements, TOUT… les pillages dans les maisons et appartements dévastés avaient également débutés dans notre quartier où la mer s’est engouffrée sur près de 600m et provocant ainsi des RDC inondés à plus de 2.30m de haut. Une fois encore, le CHAOS !!!

A ce moment-là, il fallait commencer à tenter de sauver ce qu’il l’était et surtout commencer à se battre pour récupérer de l’eau en vu des pénuries. L’absence totale, de l’armée, de la gendarmerie et surtout d’informations rendent la situation très tendue. A notre grande surprise alors qu’une heure depuis la fin du cyclone était passée, c’était déjà l’absence de nourriture à venir. N’ayant plus d’électricité, la viande et autres aliments frais  que nous avions stockée était en train de passer et nous nous rendions compte alors qu’il ne nous serait pas possible de tenir plus de 5 jours avec nos stocks.

Nous étions livrés à nous même, sans possibilité de rassurer nos proches, nos amis, savoir quoi faire, où se ravitailler etc..

Trois jours après toujours pas de mobilisation de gendarmes ou militaires et toujours livrés à nous même, nous nous voyons également dans l’obligation de trouver en urgence de l’eau potable. Si nous ne mangions pas, ce n’était pas grave, en revanche sans eaux les problèmes allaient arrivés très vite. Nous voilà alors en train de fouiller nous aussi des bâtiments désaffectés, et maisons en ruine à tenter de trouver le Graal, l’eau. Les comportements de chacun évoluaient, mais pas dans le bon sens généralement. C’était devenu un peu du chacun pour soit malgré quelques mouvement de solidarité mis en place. Il était devenu impossible de rester sur l’île dans ces conditions. Certains quartiers étaient bouclés par des barrages réalisés par des habitants empêchant les accès et pillant ceux qui avait des biens dans leurs véhicules. L’essence commençait également à manquer et des files d’attentes monstrueuses en espérant que les cuves soient encore pleines avaient lieu. L’anarchie était en route. Des bagarres, des agressions étaient devenues légions, toujours l’absence d’informations qui sèment le doute dans les esprits, toujours pas de ravitaillement, toujours pas d’armée pour sécuriser l’île. Des milices privées commencent alors à voir le jour afin de sécuriser ce qui était encore viable et plusieurs coups de feux étaient tirés tous les soirs afin de faire fuir les pilleurs. C’est d’ailleurs lors de ce troisième jour que notre appartement est parti en fumée suite à l’incendie d’un pilleur dans l’appartement voisin. Tout était perdu définitivement pour nous. Je passe la scène où ma femme, mes enfants et les pompiers faisions la chenille en piquant l’eau de la piscine pour tenter d’éteindre ce dernier. Encore un épisode traumatisant pour ma famille.

Vient alors le désir de tous, de commencer à vouloir quitter l’île par x ou y moyens. Les files d’attentes à l’aéroport sur plusieurs kilomètres démarrent. Les privilégiés ( sans les citer ) avaient pu rejoindre la Guadeloupe dès le lendemain du cyclone avec bagage et autres tandis que tous les autres attendaient comme des chiens sans eaux à dormir le long de la route avec les vaches pour ne pas perdre leurs places le moment venu. Au bout du cinquième jour nous constatons que quelques ravitaillements commençaient à être distribués par quartier. Encore une fois l’impossibilité de communiquer rend la tâche ardue. Il fallait être au bon endroit au bon moment. Et là, idem, rien n’était rationalisé dans les débuts. Le chaos continue.

Il aura fallu attendre près de 10 jours pour qu’enfin l’armée arrive ( Macron oblige ) … Pour nous la situation était devenue très compliquée car plus de nourriture en stock, plus d’eaux, plus de véhicules, plus de logement et plus rien à sauver à part nous. Nous devions partir !!! un ami qui nous voit errer avec nos cinq sacs à dos et notre chien nous croise au port et par chance était mandaté par le consulat de Belgique pour rapatrier ses ressortissants et nous a permis d’accéder à l’aéroport. Ma femme a été exceptionnelle avec mes enfants en restant en permanence avec eux, les rassurer et dédramatiser l’ensemble. Pour moi, il a fallu sécuriser ma famille et ne montrer aucune faille en gardant une assurance de façade afin de garder un état d’esprit positif. Nous pouvons dire que nous avons vécu le chaos dans le chaos et que maintenant il faut avancer sans se retourner. « 

Notre volonté est d’offrir au Maires des communes rurales, ainsi qu’à leurs administrés, des adresses de professionnels sur lesquels ils puissent compter. Nous reportons  dans le dossier dédié par spécialités, que chaque Maire ou personne intéressée peut ainsi consulter, les propositions commerciales ou associatives issues du formulaire ci dessous. 

2 réponses sur « Sécurité »

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