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Alimentation Économie Lettre S. Linou

55 – Lettre au Président

Coronavirus, résilience alimentaire et sécurité nationale: réfléchir et « se préparer pour l’après ».

La Sénatrice Françoise Laborde vient d’écrire au Président de la République, reprenant le projet de résolution qu’elle avait défendu le 12 décembre dernier au Sénat: « Résilience alimentaire et sécurité nationale ». Il n’avait manqué que 16 voix sur ce dossier directement inspiré de mes travaux et mon livre-enquête. S’il était présenté aujourd’hui, il serait sûrement adopté…

Elle propose la constitution d’un groupe de travail pluridisciplinaire, déconnecté de la gestion de crise actuelle, basé sur ces travaux et les miens, pour jeter les bases d’une réelle résilience alimentaire de nos territoires pour demain.

Texte de la lettre

« Monsieur le Président de la République,

Au vu de l’actualité, je ne me réjouis pas d’avoir eu autant de clairvoyance, le 12 décembre dernier, lorsque j’ai défendu au Sénat le projet de résolution « Résilience alimentaire des territoires et sécurité nationale ». Il n’a manqué que 16 voix pour que celui-ci soit adopté.
J’ai toutefois eu la satisfaction de recevoir le soutien du groupe parlementaire LREM qui en a validé les analyses et orientations au travers des propos de mon collègue D. Théophile, Sénateur de Guadeloupe : « Les risques pesant sur la sécurité alimentaire ne s’arrêtent pas aux frontières des pays défavorisés. La France, comme l’ensemble des pays industrialisés, est elle aussi directement concernée, malgré une production de denrées agricoles importante et supérieure à ses besoins. La réduction des surfaces agricoles, l’artificialisation des terres, la raréfaction des ressources hydriques, l’hypersophistication des chaînes d’approvisionnement et la dépendance extrême aux énergies fossiles, sont autant de facteurs qui rendent notre système alimentaire particulièrement vulnérable face aux menaces systémiques. La question du lien entre résilience alimentaire des territoires et sécurité nationale mérite d’être pleinement prise en compte, eu égard à l’actualité. Le Gouvernement est globalement d’accord avec l’esprit et les orientations de cette proposition de résolution. »

C’est pourquoi, sans prétendre ou suggérer une quelconque interférence avec la gestion de crise en cours, je vous propose, sur la base de mon projet de résolution et les riches travaux de recherche qui l’ont inspiré, la constitution d’un groupe de travail pluridisciplinaire, le plus rapidement possible. Celui-ci, accompagné des moyens nécessaires, pourrait vous aider à poser les bases d’une résilience alimentaire territorialisée, articulée à l’ordre public, accompagnée par un « État stratège et localement facilitateur ».

Cette résilience alimentaire pourrait être la première pierre posée, en passant par une large acculturation aux risques et une préparation des populations, dans l’édification d’une véritable résilience globale de la nation et qui pourrait répondre, en même temps, aux défis climatiques, énergétiques et de la biodiversité.

Utiliser ce sujet pour arriver à faire comprendre les sujets connexes, transformer ce choc en opportunité en mélangeant des mondes qui se parlent encore trop peu (Défense, Sécurité intérieure, Agriculture, Société civile, par exemple), c’est ce que je vous propose car de nombreuses personnes ressources sont d’ores et déjà prêtes à travailler, autour de Stéphane Linou, auteur du rapport ci-joint récemment primé au Forum des Risques Majeurs, ancien Conseiller général de l’Aude et auditeur IHEDN, et de moi-même.

En espérant que vous serez sensible à ma proposition qui pourrait aider à préparer une « rupture pour l’après », je vous prie de recevoir, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma très haute considération. »

Par Alexandre Boisson

Aujourd’hui enquêteur anti-fraude. Ex-policier de proximité, passé par la BAC nuit Paris puis 9 ans policier d’élite du GSPR (Groupe de sécurité de la présidence de la République) il adapte désormais les méthodes de protection des présidents de la République (anticipation, solutions d’évitement de crise, adaptation…) aux besoins d’anticipation systémique des communes face aux nouvelles crises majeures (cyberattaques, crises sociales, etc…).

Toujours engagé sur le terrain, il poursuit son travail de sensibilisation en donnant désormais des conférences, en concevant et animant des formations avec l’Institut Supérieur des Élus.

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